Toujours en Hongrie, mes pérégrinations qui m’ont emmenées à Budapest puis le long de la Courbe du Danube m’ont permis de visiter Esztergom, l’écomusée de Skanzen, Višegrad et Szentendre… Cette fois, allons dans « le bled » et vers Eger…
Ce plongeon dans la campagne me réjouit d’avance. J’adore le « bled » comme j’aime à l’appeler. Parce que voyager dans les campagnes est une excellente manière de prendre le pouls d’un pays. Et surtout, et toujours, une occasion pour les rencontres avec les gens du pays. Simples et toujours authentiques. Particulièrement dans les ex-pays de l’Est. Visiter et découvrir des endroits parfois reculés ou improbables me permettent d’y trouver des ambiances de naguère avec des paysages et des superbes coins de nature, des techniques agricoles parfois ancestrales et qui font plaisir à voir.
Lesquelles ne s’observent plus chez nous, ou bien seulement figées dans les musées de la vie rurale de nos campagnes.
Et je ne parle même pas de la biodiversité des parcelles de champs où s’admirent des quantités incroyables de fleurs et de papillons au mètre carré. C’est là que l’on comprend les ravages de notre agriculture industrielle et de l’agro-alimentaire caché et prêt à tout pour sa productivité à outrance. Mais soit. Continuons nos pérégrinations dans ce fascinant pays.
La route est belle et le ciel d’été d’un bleu pur. C’est déjà la période des récoltes et je croise des charrettes à foin tirées par des petits chevaux, des mules, des ânes. Là-bas, des fermiers discutent. C’est le moment de sauter hors de ma voiture et de me diriger pour prendre quelques photos. Après les salutations d’usage avec moult gestes dans une langue improbable, les portraits se font sans problème… Et hop, voilà déjà une petite rasade de barack pálinka (alcool d’abricot) qui coule d’une bouteille surgie de nulle part.
On trinque et on parle de la pluie et du beau temps. Et finalement, d’une minute sur place, voilà presque une heure d’échanges et de convivialité. D’ailleurs, ces fameux verres de pálinka sont une tradition. Ils aid(ai)ent les fermiers et les bergers à tenir de longues journées sans nourriture abondante. Aujourd’hui, des mesures ont mis un peu leur holà à ces pratiques, pas du tout idéales d’un point de vue santé publique… Surtout quand on sait que ces alcools titrent à 40° et parfois davantage. A tel point que les plus forts ont pour nom kerítés szaggató ce qui signifie « briseur de barrière ». Dans tous les sens du terme. Bon, deux petits verres suffiront, pas plus.
Eger et guerres
Faisons un crochet par Eger (à 140 km de Budapest). Voilà une petite ville sympa au nord-est du pays. Habitée depuis l’Antiquité, elle fut détruite par les Mongols en 1241 et connut toutes sortes de vicissitudes avec quelques sièges et attaques des Ottomans puis la peste, les incendies et les guerres, encore et toujours. Le siège de 1552 contre les Ottomans a d’ailleurs marqué les esprits, notamment grâce au roman « Les étoiles d’Eger » de Géza Gárdonyi. Le livre raconte cet épisode où deux mille Hongrois, hommes, femmes et enfants, ont chassé 80.000 Turcs. Pas mal, non ? Bon, ces derniers reviendront plus tard occuper le pays jusqu’en 1701. Ceci dit, cette grande défaite ottomane a marqué l’histoire et les esprits. Il paraît que ce roman écrit vers la fin du 19ème a attiré d’emblée de nombreux touristes à Eger, il y a donc plus de cent ans… Amusant, non ? Comme de nos jours les films ou séries the Games of Thrones, Star Wars, Da Vinci code ou Harry Potter, etc., qui génèrent le tourisme cinéphile d’aujourd’hui…
Château, églises et minaret
La ville d’Eger décline une vingtaine d’églises baroques (dont 4 valent la peine d’être visitées) avec partout des places, des marchés, des terrasses et des boutiques sympathiques. Le château se visite ainsi que la tour d’astronomie avec son ancestrale « camera obscura », un système qui permet de visualiser la ville dans une chambre noire située au sommet d’un observatoire. Un genre de périscope relié à une longue vue et qui projette les détails des rues sur une table-écran. Un peu la caméra de surveillance des siècles passés… Une expérience originale et très sympa, entre Jules Verne et les inventions de Pic de la Mirandole. Sans oublier le fameux minaret édifié au 17è siècle et haut de 40 mètres, l’un des trois de Hongrie et le plus au nord de l’Europe.
Quant à la région autour d’Eger, elle est célèbre pour ses vignobles, notamment ceux qui produisent l’Egri Bikavér, le fameux sang de taureau. Lequel aurait contribué à la victoire des Hongrois, hips, dont je viens de parler. Question de rappeler que les excellents vins de la région ressemblent plutôt au Bourgogne. Et valent franchement la peine d’être goûtés. Hips. En toute modération of course ! Egészségedre, santé !
Prochaine et dernière étape, la Puszta, la grande plaine… Un peu le Far-Est hongrois avec des chevaux, des ranches, des cowboys locaux… Allez, viens mon bon Milou !
Infos :
www.eger.hu/en/tourism
Tonton Emilou